Descendre dans les gorges de l’Orbe depuis Le Day, c’est plonger dans un autre monde. Les feuilles vert clair des hêtres scintillent sur les pentes des gorges que l’Orbe a creusées dans la roche au fil des millénaires. Ici et là, les aiguilles vert foncé des épicéas créent un contraste. Les pierres aussi sont vertes dans ce monde merveilleux. Comme jetés par des géants, les blocs se dressent au bord du chemin, recouverts d’une couche de mousse.
Les bryophytes (ou mousses) sont des plantes discrètes, mais omniprésentes lors de cette randonnée. «Les mousses ne peuvent pas réguler leur régime hydrique comme les autres plantes», explique Heike Hofmann, chercheuse à l’Université de Zurich et directrice du centre national de données et d’informations sur les mousses suisses Swissbryophytes. Les fougères et les herbacées puisent de l’eau dans le sol avec leurs racines, même durant les sécheresses. Les petites racines des mousses, elles, servent surtout à adhérer au sol. Elles absorbent un peu d’eau pour elles-mêmes, mais ne la conduisent pas plus loin. «Dans des conditions humides, les mousses ingèrent l’eau avec toute leur surface», explique Heike Hofmann. «Mais s’il n’y a pas assez d’humidité, elles se dessèchent, comme une éponge.»
Dans les gorges de l’Orbe, ce n’est pas l’humidité qui manque. Les arbres et les pentes abruptes empêchent le soleil d’y déployer toute sa puissance, même par beau temps, et tiennent à l’écart les vents qui assécheraient vite le milieu. Des conditions parfaites pour les mousses. De plus, ces petits végétaux contribuent au maintien d’une humidité équilibrée dans les gorges, comme l’explique la spécialiste. «Lorsqu’il ne pleut pas, les mousses libèrent lentement l’eau emmagasinée, ce qui garde un niveau d’humidité de l’air élevé.»
commentaires
aucun commentaire pour l'instant