Au mois de juillet, j’ai eu la chance et le privilège de vivre une expérience journalistique et humaine hors du commun. Grâce à un programme d’échange, j’ai pu me rendre à Dakar pour écrire au sujet du développement du surf au Sénégal, pays riche de 700 kilomètres de côte. Et cela, accompagnée par une journaliste locale que j’avais préalablement accueillie en Suisse.
Après quelques jours d’immersion sur les côtes dakaroises, mon sujet, que je croyais anodin, a révélé toute sa complexité. Car parler du surf, c’est toucher à l’océan. Un environnement naturel pluriel, théâtre des plus grands drames et des nouveaux espoirs.
Là-bas, pêcheurs, surfeuses, migrantes et déplacés climatiques se retrouvent souvent liés par le sang et par les vagues. La jeune double championne de surf du Sénégal dompte les tumultes de cet océan qui a englouti sa maison sur le littoral, forçant sa famille à l’exil. Un jeune surfeur dakarois affronte ce grand bleu qui a emporté son père, en quête d’une vie meilleure en Europe.
Quel lien avec nos montagnes me direz-vous? Eh bien, chez nous aussi la montagne est source de beaux souvenirs comme de grandes peines. Rappelez-vous: en ce début d’été, des pluies intenses l’ont mise à mal, provoquant çà et là son effritement, en Valais, au Tessin et dans les Alpes italiennes voisines. A Saas-Grund, un touriste a été pris dans le piège mortel d’une lave torrentielle coupant la station en deux. Dans le val de Bagnes, un événement similaire a isolé un village et emporté l’exploitation d’une famille paysanne, qui vivait par et à travers la montagne.
Pourtant, à Dakar comme en Suisse, le flot de la vie se poursuit. Et l’océan comme la montagne continuent, malgré tout, d’électriser les passionnés. «Nul ne peut éviter les courants de la vie. Ramer, c’est vivre, tout arrêt est mortel. Le départ est l’aube de toutes les espérances», disait l’écrivaine sénégalaise Fatou Diome.
Dans un monde qui nous échappe par sa complexité, face à un climat qui s’emballe à cause et contre nous, nous reste le mouvement le plus naturel du monde. Celui de poser un pas devant l’autre. Avancer. Le regard à l’horizon.
Sophie Dorsaz aime explorer le vivant sous toutes ses formes à travers ses activités de journaliste, d’enseignante de yoga et d’apprentie accompagnatrice en montagne.
Au fil de ses chroniques, elle évoque ses cheminements intérieurs et extérieurs