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La chronique ABO

Si chère nature

29.11.2024

Vous êtes-vous déjà baladé dans l’un des beaux pâturages boisés du Valais? A Balavaux par exemple, où l’écorce des mélèzes raconte les siècles passés? Ou au-dessus de Martigny, dans ce paysage collinéen sculpté par les glaciers entre les cols des Planches et du Lein?

Dans cet environnement si agréable, bercé par le son des cloches de vaches et sous la délicate ombre des aiguilles de mélèze, aviez-vous l’impression d’évoluer dans un espace naturel? A savoir, un paysage qui s’est formé sans intervention humaine? Aussi pittoresque soit-elle, cette entité paysagère n’existerait pas sans une bonne dose d’huile de coude. Sans un défrichage et un entretien réguliers pour ouvrir ces grands espaces en forêt, permettant l’épanouissement du mélèze et d’une riche flore au sol, il n’y aurait pas de pâturages boisés.

Pourquoi souligner cela? Tout simplement parce que le contexte actuel me donne l’impression que de plus en plus souvent, l’Homme et la Nature sont présentés de manière distincte. Séparée. Préserver la nature ou privilégier l’économique? Et dans cette ambiance dualiste, il me paraît essentiel de se rappeler que l’un appartient à l’autre et ce que les deux peuvent s’apporter mutuellement.

En ouvrant des espaces en forêt, l’humain augmente non seulement la biodiversité du milieu, mais crée également un environnement favorable à une économie pastorale, qui a fait vivre de nombreuses générations. En retour, la forêt nous offre de multiples prestations à forte valeur. Quelque 40% de la forêt suisse nous protège contre les chutes de pierre, les avalanches et les glissements de terrain. Dans un canton à la topographique accidentée comme le Valais, ce sont 87%. La valeur économique de cette fonction est évaluée à 4 milliards de francs par an selon Forêt Suisse. Quant à la fonction sociorécréative, elle vaudrait entre 2 et 4 milliards par an. Voilà pour les chiffres purs et durs, qui ne disent rien du bien-être physique et psychique ressenti lors d’une immersion.

La nature rapporterait-elle donc plus qu’on ne le pense? Sans doute. Aussi me paraît-il injuste de considérer sa protection comme un dada d’écologistes et de l’opposer à l’économie. Créer des ponts, en profiter tout en respectant les végétaux et animaux qui y vivent, me semble la voie à suivre. La voie du milieu, la plus difficile à trouver sans doute dans un mode polarisé.

Bientôt, nous allons glisser dans l’hiver. Pensons-y en nous baladant, skis ou raquettes aux pieds. Levons les yeux, tendons l’oreille, observons ceux qui nous entourent. Rappelons-nous que nous ne sommes pas seuls, dans cette si chère nature.

À propos de l'auteur

Sophie Dorsaz aime explorer le vivant sous toutes ses formes à travers ses activités de journaliste, ­d’enseignante de yoga et d’apprentie accompagna­trice en montagne. Au fil de ses chroniques, elle évoque ses cheminements intérieurs et extérieurs.

La jeune créatrice visuelle Leonie Jucker de Berne réalise une illustration pour chaque chronique.

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