Randonner en été

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Sous l'eau glaciale N° 1073
Klöntal, Plätz — Rhodannenberg • GL

Sous l'eau glaciale

On raconte deux histoires sur la glace dans le Klöntal, l’une révolue et l’autre actuelle et sucrée. La première commence durant l’hiver 1862, lorsque Gabriel Leuziger eut l’idée de découper des blocs de glace à la scie dans le lac gelé. Il les amena à Netstal et les conserva. On se moqua de lui jusqu’à ce que l’on réalise les bonnes affaires que l’on pouvait en tirer. Dix ans plus tard, des centaines de travailleurs étaient à l’œuvre sur le lac, armés de pioches, de scies, de cordes et de crochets, chargeant des quantités de glace sur des charrettes tirées par des chevaux. Les brasseries, les hôtels, les hôpitaux et même les bateaux à vapeur navigant sur les mers réclamaient de la glace. De nos jours, au printemps, lorsque le niveau de l’eau du lac de Klöntal est bas, on aperçoit encore les murs d’anciennes cabanes près d’Unter Herberig. C’est ici qu’était conservée la glace avant d’être livrée en été. Les affaires fleurirent jusque dans les années 1950 et l’invention du réfrigérateur. Cette histoire a inspiré André van Sprundel. Chaque été depuis plus de 25 ans, l’hôtelier de Rhodannenberg traverse le lac à bord de son Ice Dream Express et approvisionne randonneurs et baigneurs en glaces. On voit venir son petit bateau coloré de loin, et tous attendent l’appel du «Glacemaa», l’homme aux glaces. Celui-ci n’a d’ailleurs pas beaucoup de temps pour faire sa tournée, car les glaces fondent vite. Le petit bateau est une agréable récompense au terme d’une randonnée familiale le long du lac de Klöntal, qui commence derrière le Restaurant Im Plätz, à l’extrémité ouest du lac. Une fois sur le chemin balisé, il est quasi impossible de se perdre. La randonnée plane reste majoritairement dans la forêt ombragée, passant des lieux de baignade, une cascade et le Bärentritt, qui renfermerait dans ses profondeurs le trésor de guerre du général russe Souvorov depuis 1799.
Dans l’univers de Babeli 1 N° 1075
Start point — Schönengrund • SG

Dans l’univers de Babeli 1

A droite s’étend le Toggenbourg, à gauche le pays d’Appenzell. Au sommet du Wilket, un randonneur admire les collines couchées à ses pieds et constate: «Si l’on passait la région au fer à repasser, elle serait trois fois plus vaste.» La première des trois étapes du chemin d’altitude du Neckertal mène de Mogelsberg au Wilkethöchi, puis à Schönengrund, en passant par le restaurant de montagne Bergli et d’autres points de vue. Le Neckertal n’est pas une des grandes régions touristiques de Suisse, ce qui lui a permis de préserver son authenticité: c’est précisément ce qui fait son charme. Et parce que les villages et les fermes ressemblent encore à ceux d’il y a cent ans, le panorama rappelle les paysages des peintures paysannes d’Appenzell. Une des grandes représentantes de cet art populaire se nomme Anna Barbara Aemisegger-Giezendanner (1835–1905), dite «Babeli». Elle peignait avec un foisonnement de détails des scènes de la vie de tous les jours. Aujourd’hui, les collectionneurs d’art paient très cher pour acquérir ses tableaux, alors que l’artiste, veuve et élevant seule ses enfants, dut lutter sans répit pour survivre. Après Mogelsberg, les collines sont tout d’abord rondes et douces, et pas encore très hautes. Quelques kilomètres plus loin, les petites vallées se font plus escarpées et les arêtes plus vives. Au Toggenbourg, les Alpes descendent bas, et le caractère alpin s’impose déjà à 800 mètres d’altitude. Le week-end, on peut faire une première halte à l’auberge de montagne Alp Wimpfel avant d’entamer l’ascension du Wilkethöchi. L’itinéraire monte et descend ensuite à travers un paysage typique parsemé de jolies fermes isolées. Avant Schönengrund, les collines se font à nouveau plus basses, rondes et douces comme les âmes des paysans de la contrée.
Dans l’univers de Babeli 2 N° 1076
Schwägalp — Hemberg • SG

Dans l’univers de Babeli 2

La 3e étape mène du chemin panoramique du Neckertal par un enchaînement de coteaux sur près de 20 kilomètres, jusqu’à Hemberg. C’est là qu’Anna Barbara Aemisegger-Giezendanner, peintre surnommée «s’Giezedanners Babeli», est décédée. C’était en 1905 dans la maison des pauvres, après une longue odyssée emprunte de pauvreté, qui l’a menée avec ses crayons et pinceaux à travers le Toggenbourg. Le mieux est de partir du col Schwägalp Passhöhe. Un chemin passe par la tourbière et mène au Chräzerenpass , puis une route conduit à l’alpage Alp Horn. Ici, c’est le Neckertal. Le chemin continue ensuite vers l’alpage Ellbogen, offrant une vue impressionnante sur la gorge Ofenloch, tout en pierrailles. La montée vers le sommet du Hinterfallenchopf en fait suer plus d’un sous le soleil. Mais, en guise de récompense, la vue magnifique sur le Säntis et surplombant le Toggenbourg jusqu’aux Alpes est enchanteresse. Après une bonne pause, la randonnée se poursuit par une descente vers l’alpage Chlosteralp. La montée vers le petit sommet Gössigenhöchi se fait en partie hors sentier, mais on peut difficilement s’égarer. La crête mène au point panoramique où les marcheurs pourront se requinquer avant d’amorcer la descente en lacets jusqu’à Kehren. Ensuite, ils traversent la forêt jusqu’à Grundlosen, puis un petit bout sur la route, avant de prendre un chemin de prairie et de forêt (qui peut être très mouillé) le long des collines (Schlattegg) jusqu’à Bendel. C’est dans ce hameau qu’est née en 1831 «s’Giezedanners Babeli». Son œuvre est riche de représentations de maisons, de villages et de scènes paysannes autour de Hemberg et Kappel. A Bendel, le seul restaurant du trajet attend le randonneur: le «Sternen». La maison juste à sa droite serait la maison natale et parentale de Babeli. Avant le hameau, une route mène dans la forêt et conduit jusqu’à Hemberg, en passant par Riegelschwendi. Dans le temps, un atelier de tissage de mousseline y perpétrait une longue tradition, assurant aussi à Babeli, veuve et mère éduquant seule ses enfants, un revenu accessoire indispensable.
Le col de Surenen N° 1019
Fürenalp — Brüsti • OW

Le col de Surenen

La petite chapelle se niche de façon idyllique dans les collines de la Blackenalp. Pour les habitants, c’est un lieu d’énergie. Et cette énergie ancestrale se ressent dans l’alpage situé au coeur des montagnes Schlossstock, Wissigstock et Blackenstock. La légende de Surenen née ici est elle aussi ancestrale. D’après les archives d’Engelberg, un monstre - le Greiss - aurait fait rage ici à l’époque. Un jeune berger aurait voulu baptiser son agneau préféré avec de l’eau bénite provenant de l’Eglise d’Attinghausen. Sur ce, l’animal se serait transformé en monstre et aurait semé la terreur en faisant des morts. Seul un jeune taureau blanc-argenté parvint à en venir à bout. Il fut engraissé pendant 9 ans pour devenir un taureau puissant. Puis, une vierge l’amena à Surenen en passant par le col. Au cours d’une bataille, le taureau vainquit le monstre. La chapelle et le ruisseau ont été nommés d’après le taureau. Sous la Blackenalp, le ruisseau se jette dans la vallée en une cascade imposante. Il faut une bonne heure de marche pour atteindre la cascade. Le chemin part de la station supérieure Fürenalp, avec son auberge, et traverse d’abord de belles prairies. A droite, on a vue sur les montagnes impressionnantes du grand et du petit Spannort. Derrière la Blackenalp, le paysage devient plus aride et le chemin monte de façon plus abrupte en direction du col de Surenen. Du côté uranais, on traverse les éboulis en pente raide. Plus loin, le chemin longe une large crête et offre une vue spectaculaire sur le lac d’Uri et l’alpage de Waldnacht. Un passage court est sécurisé par des cordes. Ensuite, la télécabine n’est plus très loin. Elle nous ramène sans peine vers la vallée, située 1000 mètres plus bas.
Des rives du Lac de Joux... N° 1016
Le Pont • VD

Des rives du Lac de Joux...

En cette matinée de juillet, c'est un lac de Joux encore embrumé qui nous accueille à notre arrivée à la gare de Pont. La randonnée commence sur sa rive sur quelques centaines de mètres, puis on travers la route à gauche pour entamer la montée. On pénètre dans la forêt sur un petit chemin de pierre où de grands sapins semblent nous saluer. S'en suit une alternance de chemins et de route, dont un long bout droit peu intéressant. À la Dent Dessous, on arrive sur un parcours de pierre qui monte assez raide et dont on devine la sinuosité. Après deux virages, on voit déjà le lac de Joux en contrebas. On atteint la Petite Dent Dessus, où la famille Fuchs passe l'été, fabriquant et vendant son bon fromage d'Alpage. De là, l'itinéraire se poursuit dans l'herbe. La montée est abrupte et se fait au son des cloches de vaches. Les bovidés nous accueillent placidement au sommet. Elles sont dociles, mais prudence. Déjà, on voit le chalet restaurant Dent de Vaulion –accessible en voiture- et qui est ouvert de mi-mai à fin octobre. En quinze minutes, on rejoint le sommet de la Dent de Vaulion. Le panorama y est magique. La vue à 360° nous permet d'admirer le lac Léman et les Alpes. Des bancs invitent à se détendre et des tables à se restaurer. En descendant, on repasse devant le chalet restaurant. On pénètre dans une jolie sapinière. Ici, c'est le son des grillons qui nous accompagne. On franchit un tourniquet pour entrer dans la forêt. Attention aux racines d'arbres et aux pierres glissantes. Après une longue marche, on rejoint la clairière à droite et finalement le chemin emprunté à la montée. De là, il faut compter une vingtaine de minutes pour rejoindre les rives du Lac de Joux, où les brumes matinales se sont désormais dissipées.
À travers le Tüfels-Chäller N° 1155
Baden — Kindhausen • AG

À travers le Tüfels-Chäller

Il neige rarement à Baden. Mais dès qu’on laisse derrière soi le joli centre-ville médiéval par une froide journée d’hiver et que l’on grimpe le long de la chaîne montagneuse entre la vallée de la Limmat et celle de la Reuss, on a de bonnes chances de voir des cristaux étincelants, que ce soit sous forme de neige ou d’un voile enchanteur de gelée blanche sur les arbres. En longeant l’ancienne gare de Baden-Oberstadt, on arrive rapidement dans les vastes bois de Chrüzliberg et Baregg. Une partie de la surface boisée a été réaffectée comme réserve et est abandonnée à son évolution naturelle depuis 1999. Le Tüfels-Chäller est particulièrement attirant avec ses pentes raides et ses étranges tours de poudingue. Si l’on n’y prend pas garde, on peut rapidement être désorienté dans cet énorme labyrinthe. C’est pourquoi il est préférable pour les personnes ne connaissant pas les lieux de respecter les indicateurs de chemins pédestres jaunes. Près de la cabane Herzoghütte de Spittelau, le chemin commence à monter. L’itinéraire suit parfois les chemins forestiers, parfois des sentiers plus étroits. De temps en temps, la chaîne proche de Lägern apparaît entre les arbres. À partir de Rüsler, la randonnée suit un chemin pratiquement plat. Au-dessus des villages de Staretschwil et Oberrohrdorf, on longe la forêt en profitant d’une vue magnifique sur la vallée de la Reuss. Par temps clair, on aperçoit à l’horizon les sommets des chaînes des Alpes bernoises et de Suisse centrale. En passant par Hinterhau, on arrive à Widenhau en suivant le Sennhof. Entouré d’une dense forêt de hêtres, le fabuleux lac d’Egelsee s’étend au fond d’une dépression. Ses flots sombres semblent cacher quelque secret. D’après la légende, la dépouille d’un chevalier irascible qui tyrannisait le peuple de la région en son temps se trouverait au fond. Une légère descente conduit dans la forêt, puis à une prairie ouverte jusque dans le petit village de Kindhausen.
De Dornach à Seewen N° 1156
Dornach — Seewen • BL

De Dornach à Seewen

La randonnée facile et diversifiée de la plaine de la Birse (Birsebene) dans le jura soleurois est un circuit classique à faire toute l’année. En règle générale, elle peut aussi être entreprise sans problème en hiver. Deux curiosités touristiques bordent le chemin au cours de la montée. Peu après la gare de Dornach, on longe le Goetheanum. Avec ses arêtes brisées caractéristiques et ses coins arrondis, l’édifice fait office d’emblème du mouvement anthroposophique fondé par Rudolf Steiner. Un peu plus haut, hors des régions habitées, les ruines du château de Dorneck trônent dans un site pittoresque. Ces vieux murs sont les témoins d’une fortification autrefois importante. La randonnée suit d’abord une douce montée au-dessus du Schartenweg, puis un sentier étroit, sensiblement plus raide, qui mène à la Schartenflue, appelée Gempen en langage populaire. La tour de Gempen (haute de 28 m), située à côté du restaurant Gempenturm, offre une vue à 360° littéralement illimitée et ce jusqu’en France dans les Vosges, jusqu’à la forêt noire en Allemagne et, en direction du sud, jusqu’aux crêtes boisées de la Schwarzbubenland. Après la traversée du village voisin de Gempen, on atteint le plateau de Gempen que l’on traverse du côté est. La randonnée alterne régulièrement entre forêt et vastes clairières. À l’horizon se dessinent le Hinteri Egg et le Passwang. Et bientôt apparaissent les nombreux toits à deux versants de Seewen, destination de la randonnée. Conseil: dans l’ensemble, le circuit présente nettement moins de montée dans le sens opposé. Le chemin en contrebas de la Schartenflue peut toutefois être gelé en hiver et rendre ainsi la première partie de la descente en direction de Dornach quelque peu pénible et exigeante dans certains cas.
Des traces du passé au-dessus de la Viamala N° 1104
Rongellen — Thusis • GR

Des traces du passé au-dessus de la Viamala

Deux frères partis chasser parcouraient autrefois les pentes raides et boisées situées à l’entrée de la gorge de la Viamala. En suivant la trace d’un majestueux cerf blanc, ils parvinrent sur le plateau de la forteresse du Hohen Rätien et découvrirent, entre des murailles en ruine, une porte étrange dans la tour défensive. Le plus jeune frère ne put se retenir d’aller voir ce qui se cachait derrière elle … La tour du Hoch Rialt se dresse aujourd’hui encore sur une spectaculaire terrasse surplombant la profonde faille de la Viamala, sur le site soigneusement restauré de la forteresse de Hohen Rätien, au sommet de parois à pic, 250 mètres au-dessus de Thusis. Des fouilles ont révélé que ce lieu protégé était déjà habité au Néolithique. Avant que notre chemin ne nous mène vers les hauteurs enivrantes de cette ancienne place de cultes, il descend d’abord dans les profondeurs lugubres de la Viamala et traverse la passerelle de Traversina (gare au vertige!) pour rejoindre la chapelle Saint-Albin qui tombe en ruine. Il ne reste plus qu’une petite montée pour atteindre l’arête rocheuse du Crap Carschenna. De mystérieuses gravures rupestres qui pourraient remonter au Néolithique figurent sur des plaques dispersées. Si l’on passe un certain temps dans ce lieu, par exemple en faisant halte près du foyer, on peut s’imprégner de l’atmosphère de ce site foulé par nos ancêtres. Le chemin longe des parois d’ardoise et traverse des forêts à forte déclivité pour rejoindre enfin la tour du trésor sur le Hohen Rätien. L’ancienne forteresse qui se dresse au cœur d’une station de très vieux arbres offre des vues grandioses dans toutes les directions. Un arrêt prolongé s’impose avant la brève descente vers Thusis (foyers et fontaine). Car qui sait, peut-être des trésors attendent-ils encore ici d’être découverts …
Sur de hautes terrasses d'Italie N° 1059
Cannobio • EU

Sur de hautes terrasses d'Italie

L’itinéraire entre Cannobio et Cármine Superiore par le Monte Carza permet de remonter le temps. Pas au premier coup d’œil, puisque la randonnée séduit d’abord le marcheur par les vues superbes sur le lac Majeur, les belles forêts et les villages bâtis sur les hauteurs. Mais en y regardant de plus près, on voit qu’il s’agit aussi d’un voyage dans le passé. On observe partout les traces des nombreux paysans de montagne qui exploitaient autrefois les versants de manière intensive et qui, à partir des années 20, ont commencé à quitter les lieux pour des raisons économiques. Aujourd’hui recouvertes de végétation, ces terrasses destinées aux cultures ont marqué la montagne au même titre que les sentiers qui reliaient autrefois les villages entre eux et sont aujourd’hui de beaux chemins de randonnée. Les vieux canaux d’irrigation en pierre témoignent eux aussi du temps passé. Et c’est en effet dans une autre époque que l’on se sent transporté une fois que l’on est à Cármine Superiore. Le village n’a jamais été relié au réseau routier et les maisons ont été rénovées ces dernières années par les descendants des habitants et d’autres amoureux des vieilles pierres. Les ruelles du village construit autour de la demeure fortifiée d’une famille noble sont très pittoresques. L’église du village et ses fresques du XVe siècle méritent un arrêt prolongé. En cherchant bien, on peut même retrouver les traces d’un chapitre plus récent de l’histoire. Durant la Première Guerre mondiale, le Monte Carza faisait partie de la ligne de défense érigée par l’Italie pour se protéger des troupes austro-allemandes qui auraient pu passer par les cols suisses. Les marcheurs attentifs découvriront des vestiges de ces ouvrages défensifs.
Une porte dans la roche N° 1060
Induno-Olona, Via Porro 180 — Porto Ceresio • EU

Une porte dans la roche

Cette randonnée représente un double défi: le chemin n’est parfois pas facile à trouver et, si l’on n’est pas bien entraîné, les jambes en conserveront à coup sûr un souvenir douloureux. En effet, la montée est raide et l’eau qu’il faut emporter en quantité suffisante lorsqu’il fait chaud ne fait qu’alourdir le sac à dos. Les efforts physiques sont heureusement récompensés. Le début de l’itinéraire, qui se trouve près du Castello di Frascarolo, fermé au public, passe par une forêt où poussent de superbes châtaigniers, hêtres et chênes. Plus tard, sur la crête, une très belle vue s’ouvre sur les forêts alentour, la vallée et le lac du Lugano. Si le temps est dégagé, la vue porte encore plus loin. La maigre végétation présente avant et après le Monte San Bernardo et le Monte Minisfreddo, les deux sommets de l’itinéraire, est elle aussi intéressante. Le chemin serpente sur les prairies, entre les troncs d’arbres morts qui ne sont pas parvenus à se maintenir sur le terrain calcaire. Un peu plus loin sur le sentier, les marcheurs doivent se tenir à la corde en acier et aux chaînes. Et voici tout à coup l’Arco di Roccia, une porte qui s’est creusée dans la roche. Y passer est exaltant, on a l’impression de ressentir les forces de la tectonique et de la météorologie qui ont donné cette forme au rocher. Au pied d’une paroi rocheuse, on entame la descente. Attention, le chemin n’est pas bien balisé, il faut suivre d’abord l’indicateur Bisuschio, puis, plus loin, Pogliana. D’anciennes prises d’eau dans la forêt montrent que nous nous rapprochons de la civilisation. Voici bientôt les jardins du village endormi de Pogliana, d’où une route sinueuse descend dans la vallée. Une fois que l’on a rejoint la plaine, il s’agit de trouver les chemins à travers champs qui permettent de gagner le but de la randonnée, sur la rive du lac de Lugano.
Les loups du Calanda N° 1067
Haldenstein, Dorf — Tamins, Dorf • GR

Les loups du Calanda

C’est sur le Calanda, entre la vallée du Rhin de Coire et la vallée de la Tamina, que vit la première meute de loups de Suisse. Sur les versants escarpés et dans les forêts riches en gibier, ces grands prédateurs se sentent bien. Comme les jeunes quittent la meute au bout d’un an pour se mettre à la recherche d’un partenaire, on compte au Calanda, selon la saison, entre sept et dix loups. Leur territoire de près de 200 km2 aux portes de Coire se découvre en deux jours de randonnée, à condition d’être en forme. Le premier jour est marqué par une montée de 1500 m de dénivelé entre Haldenstein et la cabane du Calanda. Une ascension agréable, généralement à travers la forêt via Arella, Nesselboden, Funtanolja et Altsäss, jusqu’à la cabane installée sur un site spectaculaire. Pour couronner le tout, on ira apprécier le lever du soleil avant le petit-déjeuner, au sommet du Calanda à 2800 m. Après avoir repris des forces, on entame la deuxième journée avec une magnifique vue via les alpes Felsberger Älpli et Taminser Älpli: il existe deux passages glissants et légèrement exposés, qui peuvent être périlleux par temps de pluie. C’est sur le col du Kunkelspass que l’histoire des loups du Calanda a commencé en 2011: un loup venu du Valais y avait tué trois moutons. Peu après, un randonneur parvint à photographier deux loups sur une alpe voisine. L’été suivant, six louveteaux venaient au monde. Deux d’entre eux ont fait les titres des journaux. Le premier a été victime de braconnage, le second a péri sous un train à Schlieren, dans le canton de Zurich. La randonnée ne va pas si loin. Elle se termine à Tamins Dorf, village accessible par la route ou par le sentier abrupt du Foppaloch. Pour ce qui est des loups, on ne risque guère d’en rencontrer en chemin car ils sont extrêmement craintifs. Si c’est le cas, on ne manquera pas de savourer cet instant rare!
La crème du chemin des cols alpins N° 1063
Lac des Dix — Arolla, poste • VS

La crème du chemin des cols alpins

On les croise souvent sur le chemin des cols valaisans, entre le val de Bagnes et le Simplon: avec leur équipement ultraléger et leurs chaussures de course, les coureurs d’ultrafond doublent les randonneurs. Si le but n’est pas de marcher, voire de courir, pendant une semaine sur le parcours du trek alpin, autant en choisir le meilleur morceau. Le chemin reliant le lac des Dix à Arolla est très varié: de la balade tranquille le long du plus grand lac artificiel de Suisse dans un cadre fleuri, à la traversée d’un paysage marqué par le recul du glacier sur le sentier nouvellement aménagé au pied du Mont Blanc de Cheilon, jusqu’au romantisme sauvage du val d’Arolla. On peut même vivre quelques sensations fortes au Pas du Chèvres: la paroi rocheuse jusqu’au col se franchit à l’aide d’échelles. Cette randonnée diversifiée peut se faire sur deux jours, depuis le pied du barrage de la Grande Dixence de 285 m de haut, avec une nuitée à la Cabane Prafleuri. Le premier jour laisse suffisamment de temps pour se pencher sur un grand chapitre de l’énergie hydraulique suisse et admirer le plus grand barrage-poids du monde, érigé il y a près de 60 ans. Derrière la Cabane Prafleuri, on voit d’ailleurs nettement d’où ont été extraits les graviers qui ont servi à la construction de l’édifice. Si la marche pour rejoindre la cabane n'est pas suffisante, les sportifs ambitieux démarreront le circuit à Fionnay dans le val de Bagnes, prêts à affronter les dix heures de marche via les cols de Louvie et de Prafleuri. L’environnement de glaciers et de moraines autour de la Rosablanche est grandiose. L’équipement poids plume du coureur d’ultrafond n’est certainement pas inutile sur le chemin de la cabane, sachant qu’il y a tout de même près de 1900 m de dénivelé.
Au cœur de la réserve de biosphère N° 1012
Krutacher — Schüpfheim • LU

Au cœur de la réserve de biosphère

La randonnée au sud de Schüpfheim traverse des prairies de montagne pleines de charme ainsi que les paysages marécageux de la haute vallée isolée. Lors de la descente vers la vallée, elle passe par le lieu de pèlerinage et d’énergie Heiligkreuz. La plus belle période pour effectuer cette randonnée est le mois de mai, avant la récolte, lorsque sur les hauteurs les derniers champs enneigés brillent au soleil. A la gare de Schüpfheim, on prend le car postal en direction de Sörenberg jusqu’à la station Chrutacher. Ici, il faut revenir sur ses pas environ 30 mètres jusqu’aux panneaux indicateurs situés de l’autre côté de la route et montrant en direction de Bargelen. Le sentier serpente à travers les herbes hautes jusqu’à Steinibach puis on prend de l’altitude en empruntant une ruelle non goudronnée. Bientôt, le panorama s’étend sur Sörenberg, le Rothorn de Brienz et l’imposante Schrattenfluh. Après la ferme Under Brand, le paysage est celui d’une haute vallée. La vallée de Waldemme, de laquelle nous venons, est ainsi reliée à la vallée de la Grosse Entlen située au nord-est. Après un bref trajet sur l’asphalte, on continue dans la prairie marécageuse. On atteint bientôt la prochaine ferme Bargelen. La remontée abrupte traverse des prairies flo-rissantes ; plus loin, le paysage se compose de pâturages, hauts sapins et murs de pierres. A présent, le lieu de pèlerinage Heiligkreuz et son église blanche ne sont plus très loin. De là, la descente commence en direction de Schüpfheim et le chemin traverse prairies et forêts.
Ouest sauvage du Valais N° 1061
Col du Gd St-Bernard, Hosp. — La Fouly • VS

Ouest sauvage du Valais

Dans l’ouest du Valais, l’ancestral val Ferret s’étend d’Orsières au Grand Saint-Bernard, vers le sud. La région est restée sauvage: c’est ici que les vaches d’Hérens se battent cornes contre cornes pour la domination du troupeau, ou que le loup est réapparu en Suisse pour la première fois en 1995, quand «La Bête du Val Ferret» a mis la population en émoi. Longtemps, le Grand Saint-Bernard a été considéré comme le plus dangereux des cols alpins. C’est dans cette zone, aride, rocheuse et menacée par les brusques changements météo et les avalanches que saint Bernard d’Aoste a fondé le premier hospice. Il offrait aux moines de la congrégation l’isolement nécessaire à la méditation. Pour nombre de randonneurs surpris par le brouillard, il devient un refuge et Barry, le plus célèbre des chiens saint-bernard, un héros. Cette région, parfois très rude, offre des paysages d’une beauté époustouflante. Les Lacs de Fenêtre, auxquels on accède au mieux par le col du Grand Saint-Bernard, en constituent le joyau. Les randonneurs logeant à La Fouly, centre touristique du val Ferret, disposent d’un service de bus pratique reliant tous les jours La Fouly au col en passant par Orsières. Après l’effort de l’ascension, facile et bien signalée, la récompense semble d’autant plus méritée. La Fenêtre de Ferret, point culminant de cette randonnée, est une ouverture sur le paradis: entourés des sommets du massif du Mont Blanc, trois petits lacs s’étendent aux pieds du marcheur. Avec une atmosphère unique et une vue des plus splendides, le pique-nique sur la rive est sans doute le couronnement de la journée. La descente mène ensuite à l’arrêt du car postal de Ferret ou le long de la Drance de Ferret en direction de La Fouly.
Le «Fujiyama» du Valais N° 1062
La Douay — Champex • VS

Le «Fujiyama» du Valais

Une montagne de rêve! Ce triangle isocèle, cette pyramide parfaitement formée se dresse peu avant Martigny au milieu de la vallée. Ce n’est pas pour rien que le Catogne est aussi surnommé le Fujiyama du Valais. Un nom qu’il doit entre autres à la présence de neige à son sommet. En s’en approchant, on s’imagine gravir sa pente; nous voilà déjà au milieu du parcours et hop, en une fraction de seconde, au sommet. Comme ce doit être magnifique de se tenir là-haut! Mais la pesanteur nous ramène sur terre, ou plutôt dans le siège du train. Le Catogne est maintenant un gardien qui veille sur le Valais et ne se dresse pas seulement au milieu de la vallée, mais aussi au milieu du chemin. Va-t-il le bloquer? Ou, comme les Templiers, ne laisser passer que ceux qui s’en montrent dignes? Et qu’est-ce donc que cette étrange faille, ce trou dans la montagne, au-dessous du sommet? Cette randonnée va nous permettre de rejoindre le sommet du Catogne, près de Martigny, et de percer son secret. Comme on l’attend d’un gardien, il ne nous facilite pas les choses. Une forte volonté et une bonne condition physique sont requises. Heureusement, le chemin est facile à trouver. A partir de La Douay, il traverse d’abord la forêt, grimpe sur les pentes raides des prairies jusqu’à la Matagna-Vyra. De nombreux blocs de granits, les restes de la moraine d’un ancien glacier, sont répartis dans cette cuvette presque plate. Le chemin longe son arête jusqu’au sommet, d’où l’on découvre une vue superbe. Mais il reste la descente, raide elle aussi, et longue. Le Catogne fait réellement transpirer ceux qui veulent fouler son sol. Les indigènes ne l’ont-ils pas surnommé la «montagne de la soif»?
Nature à l’état pur N° 1064
Crêt du Midi — Vercorin • VS

Nature à l’état pur

Cette randonnée sur la crête ressemble à un exercice sur la corde raide. On entame la balade sur un faîte d’où dévalent, de chaque côté, des pentes herbeuses à forte déclivité. Derrière le Roc d’Orzival, le chemin plonge sur la gauche dans le paysage hélas défiguré du domaine skiable de Grimentz. Le lendemain, à la droite de la crête, il emmène au vallon de Réchy, un petit bijou où la nature a encore tous ses droits, grâce à l’action de protecteurs de la nature. Durant les années 1980, il était en effet prévu d’y développer le ski. Heureusement, depuis 1998, cette petite vallée valaisanne est inscrite à l’Inventaire fédéral des paysages d’importance nationale, ce qui la préserve des atteintes. En parcourant la vallée de haut en bas, on fait un véritable voyage dans le temps et l’on découvre un paysage façonné par les glaciers et l’érosion. Le chemin s’élève sur une pente raide de la station supérieure de Crêt du Midi vers le sommet de La Brinta et la crête. Assuré par des chaînes et parfois exposé, un étroit sentier s’étire jusque vers les étranges formations rocheuses aux tons lumineux situées de l’autre côté, près du Roc d’Orzival. Ici, il ne faut pas souffrir du vertige. En traversant le domaine skiable et en montant brièvement de l’autre côté dans des éboulis, on rejoint derrière le col des Becs de Bosson la cabane du même nom où l’on peut dormir. Le jour suivant, le chemin descend dans le vallon de Réchy vers la plaine, d’abord à travers un paysage rocheux parsemé de dolines, qui n’est pas sans rappeler une zone arctique. Il passe ensuite par des prairies herbeuses comparables à des steppes et par des marais traversés par des méandres capricieux. En admirant les jeux d’eau, puis des cascades, on rejoint enfin un bisse que l’on suit à travers la forêt, jusqu’à Vercorin.
La gorge de Twingi N° 1065
Binn — Niederernen • VS

La gorge de Twingi

Il faut être valaisan pour avoir entendu parler des «Bozen», ces esprits qui, selon les locaux, vivent «derrière chaque pierre». Un type particulier d’entre eux s’est installé dans le tunnel routier par lequel on rejoint le village de montagne de Binn. Ce sont les esprits du tunnel, dont on peut suivre les traces en traversant la gorge de Twingi. Celle-ci commence et se termine aux deux extrémités du tunnel dont l’accès est interdit aux piétons. La randonnée débute dans le village de Binn, passe devant l’église, puis traverse le hameau Ze Binne en direction du lac d’accumulation qui marque le début de la gorge de Twingi. Le chemin est large et agréable. Ici et là, on traverse un petit tunnel, accompagnés par le bruit de la rivière Binna. Avant la construction du tunnel routier, la gorge était le seul passage qui reliait les habitants de Binn au monde extérieur. En hiver, le fort risque d’avalanches rendait souvent le village inaccessible. Le tunnel changea donc totalement la vie des villageois au début des années 1960. Mais, il ne fut pas bien construit. De l’eau de source s’écoula et le tunnel dut subir des réparations après quelques années seulement. Ces événements sont à l’origine de la légende des esprits du tunnel. Au bout de la gorge, le chemin traverse longuement la forêt. Au niveau du pont romain, il franchit la Binna, puis rejoint le hameau inhabité de Hockmatta. Après un autre pont, on monte vers Wasen et sa forêt enchantée, un lieu d’aventure pour les enfants où se trouvent des épicéas aux troncs noueux et d’imposants rochers. Les enfants peuvent découvrir l’histoire de la dame écureuil Brüna sur la place de jeux et le long du sentier thématique. Et qui sait, peut-être tomberont-ils soudain sur un mystérieux esprit?
Une croix bien en vue N° 1066
Laubbärgli — Restaurant Simmenfälle • BE

Une croix bien en vue

Cette randonnée mène de l’auberge Laubbärgli jusqu’au pied du Seewlehore et monte sur le Tierberg. Au nord, on distingue les sommets des Préalpes tels que les Vanils et les Gastlosen gruériens ou la chaîne du Stockhorn près de Thoune. A l’est, il y a Adelboden et, au sud, la couronne montagneuse qui entoure La Lenk, d’où se dresse le Wildstrubel et le glacier de la Plaine Morte à gauche, le Wildhorn au centre et Les Diablerets tout à droite. Avant, près de La Lenk, il y a le Betelberg et le Flösch. Mais qu’est-ce que cette croix verte que l’on aperçoit dans une prairie en face? On la voit à l’œil nu, brillante au centre de la pente raide recouverte d’herbes sauvages. Durant l’été 2014, le magazine RANDONNER.CH a rencontré celui qui la trace sur le «Grüen Blätz», cette grande croix, depuis 20 ans déjà. Bruno Schletti, 34 ans, plombier, exerce aujourd’hui plusieurs activités dans le tourisme. Il a «tondu» sa première croix sur le versant à 13 ans. D’abord une petite, puis une plus grande. D’abord seul, puis avec son père. Aujourd’hui, il est accompagné de son ami Simon Schletti, un charpentier qui vit également à Lenk. Aux premières notes du festival de jazz de La Lenk, lorsque l’ambiance monte, Bruno et Simon se rendent sous les rochers du Fölsch pour offrir une attraction supplémentaire au village. «Un véritable massacre», s’excusent-ils en lançant le moteur des tondeuses. Une petite heure plus tard, la mission est terminée et la croix, fraîchement tondue, retrouve un profil neuf et flamboyant. Elle est particulièrement belle le 1er août, lorsque Bruno et ses amis y plantent 34 torches et les allument à la nuit tombante. La croix est visible longtemps au début de la randonnée. On atteint bientôt le col du Hahnenmoos en passant par l’abrupt Laveygrat, puis on poursuit par le col du Bummere jusqu’aux chutes de Simmefäll, là où il y a le bus pour La Lenk.
Impressionnantes gorges de Saxeten N° 1015
Wilderswil • BE

Impressionnantes gorges de Saxeten

Le drame remonte à plus de 15 ans. Pourtant, la première image qui nous traverse l’esprit à la simple évocation de ces gorges est la noyade en 1999 de 21 jeunes touristes qui y faisaient du canyoning. Sous l’effet d’un orage, les eaux de la petite rivière s’étaient muées en un torrent meurtrier. Aujourd’hui, les activités de canyoning ont de nouveau cours dans ce lieu idyllique. Lorsque l’on randonne dans les impressionnantes gorges, on entend ici et là des cris de joie. Mais après avoir quitté la station touristique de Wilderswil, l’ambiance redevient vite paisible. Un vieux sentier qui lorgne à travers bois sur le joli hameau de montagne de Saxeten mène dans les gorges. Deci delà, une petite clairière accueille une vieille grange transformée en modeste résidence secondaire. Les maisons sont uniquement accessibles à pied. Après la forêt de Sytiwald, une vue impressionnante s’offre au randonneur: Saxeten s’étend tout au fond de la cuvette, entouré de hautes cimes, dont le Morgenberghorn. Une fois qu’on a franchi les prairies verdoyantes, on atteint Ausserfeld. D’ici, il n’y a plus très long à marcher jusqu’à Saxeten. Si on le souhaite, on peut tourner le dos au village et reprendre l’ascension à travers champs et forêts en direction de l’Abendberg. A Schwendi, on a un premier aperçu du lac de Brienz. D’ici, on longe un moment une route goudronnée fort peu fréquentée, puis on bifurque à nouveau vers un petit sentier. Il vaut la peine de faire un bref détour sur l’Abendberg, où se dresse un vieil hôtel. Le chemin traverse le site encore habité, des chaises et des tables invitent au repos et au pique-nique. On peut acheter des boissons sur place. Une fois rassasié, on attaque la descente, raide par endroits, en direction de Wilderswil.
Des lézards verts sous les châtaigniers N° 1014
Intragna — Tegna • TI

Des lézards verts sous les châtaigniers

A Intragna, où les lézards des murailles filent le long des murs des maisons et où des lauriers se tiennent dans des bacs à fleur devant les maisons, le fort soleil de mai diffuse une atmosphère presque méditerranéenne. Le clocher, visible de loin, trône au-dessus du village. Avec ses 70 mètres, il est le plus haut du Tessin. Après quelques minutes, le promeneur prend un chemin en dalles qui monte la pente boisée. D'impressionnantes fougères bordent le chemin. Ici pousse entre autres la fougère royale (aussi appelée osmonde royale ou fougère fleurie), qui atteint quasiment deux mètres. A presque chaque pas, le randonneur entend les bruissements des lézards des murailles dans les feuilles mortes. Parfois, le bruissement est nettement plus fort lorsque les lézards verts, un peu plus grands et lourds, se retirent. Le marcheur a l’occasion d'observer un de ces magnifiques lézards bleu-vert sur une pierre à plusieurs reprises. Dans la clairière de Ronconaia, la vue s'ouvre sur les chaînes de montagnes vertes et plissées de la vallée des Centovalli. Celle-ci n'a pas que 100 vallées latérales, comme son nom le suggère, mais 178. Autrefois, beaucoup d'habitants de cette région pauvre et sauvage devaient émigrer et travaillaient comme dockers à Livourne, comme ramoneurs ou couteliers dans d'autres villes italiennes. De nos jours aussi, nombreux sont ceux qui cherchent du travail à l'extérieur. Le chemin se poursuit, plus plat, à l'abri de puissants châtaigniers formant un toit ombragé agréable lorsqu'il fait chaud. Les randonneurs qui aimeraient encore se promener un peu longent la gargouillante rivière Melezza, jusqu'à ce qu'elle se jette dans la Maggia. Le lit de la rivière, qui semble surdimensionné, en direction du lac indique au promeneur que des quantités d'eau énormes coulent ici après de fortes précipitations.
Sous le signe de l’eau N° 1069
Restaurant Simmenfälle • BE

Sous le signe de l’eau

Certaines personnes ont été tellement fascinées par le Flueseeli qu’elles ont fondé une association, entretiennent une cabane sur place et parcourent plusieurs fois par année le chemin difficile qui y mène. Le chemin est placé sous le signe de l’eau: il longe d’entrée le cours d’eau en dessous des cascades de la Simme. Franchissant des rochers, traversant la forêt et empruntant des escaliers, il est en partie mouillé par la bruine. La prudence est de mise durant l’ascension. Au-dessus des eaux rugissantes, à une courte distance de l’alpage de Rezlibergli, le relief est plus plat, et les derniers pas avant l’alpage se font facilement. Ici encore, le chemin longe un petit ruisseau. Un point fort de cette randonnée est la halte aux cascades «Bi de Sibe Brünne» (aux sept fontaines). A quelques pas du Rezlibergli, l’eau sort de la paroi rocheuse sous forme de petites cascades. Une pause est conseillée pour admirer pleinement ce spectacle naturel. L’ascension jusqu’au Flueseeli mène à travers la paroi rocheuse du Flueschafberg et fait encore transpirer les randonneurs. Néanmoins, les vieux mélèzes noueux qui bordent le chemin et les bandes rocheuses fleuries compensent le dénivelé fatiguant. Ici, il faudra encore traverser des petits ruisseaux et des couloirs d’avalanche avant d’accéder à la terrasse du Flueseeli. La vue sur la vallée de la Simme est spectaculaire. Les rochers derrière le petit lac et la cime de l’Ammertehore sont très impressionnants. Plus haut, sur le Flueseehöri, la vue est meilleure sur le Flueseeli bleu turquoise et les parois imposantes. La fascination éprouvée par les fans du Flueseeli se comprend bien. Les randonneurs qui ont encore suffisamment d’énergie peuvent poursuivre la randonnée jusqu’au Rezligletschersee avant de rebrousser chemin.
Des pionniers au Grimsel N° 1070
Räterichsboden • BE

Des pionniers au Grimsel

Les lichens, petits et insignifiants, le sont nettement moins dès que l'on s'y intéresse. Une randonnée familiale vers la cabane Bächlital, dans la région du Grimsel, nous en donne l'occasion. Elle commence au barrage du Räterichsboden, où, la xanthorie élégante (Xanthoria elegans) de couleur orange ou le lichen géographique (Rhizocarpon geographicum) d'un vert jaunâtre poussent. Ici, on constate que la croissance de ces organismes est des plus lentes: le mur du barrage a plus de 70 ans, mais chaque lichen n'a poussé que de quelques millimètres. Un regard alentour permet de voir des pans de rochers entiers qui brillent d'une lueur verte au soleil: les lichens géographiques. Difficile d'imaginer leur âge. A titre de comparaison, les enfants réalisent que leur grand-père, âgé de 70 ans, est bien jeune. Sur le chemin menant à la cabane, neuf postes du sentier des lichens (A–-I) présentent ce monde fascinant. Grâce à un dépliant (en allemand) et à une brochure contenant des photos de lichens, leurs secrets se dévoilent. La première partie de la randonnée passe surtout par des escaliers qui montent dans la roche. A 2100 mètres environ, voici une petite plaine alluviale. A son extrémité, le chemin de montagne balisé part vers l'ouest. Un deuxième sentier, non balisé, mène par des dalles de pierre vers le Bächlisee, où s'ouvre la grande plaine alluviale du Bächlisboden. Le chemin balisé parvient au même endroit, sans passer par le lac. On peut traverser la plaine sans danger, s'y arrêter pour se baigner ou détourner le cours des ruisseaux. Il reste une montée raide jusqu'à la cabane. Si l'on tourne à droite au bout de la plaine, on rejoint un joli lac niché entre des blocs de rochers couverts de lichens. Depuis la cabane, on peut poursuivre dans la vallée sur un chemin qui mène presque jusqu'à la langue du glacier du Bächli.
Terres mystiques N° 1072
Saxeten, Schulhaus — Sulwald • BE

Terres mystiques

Lorsque le vent fait claquer les portes pendant la nuit ou que le mauvais temps descend depuis la crête des Lobhörner, les habitants disent que c’est le vieux Sulser qui en descend. Et quand la lumière éclaire du bon angle le rocher qui s’élève dans le ciel, on croirait vraiment apercevoir un visage pincé dans le grand Lobhorn. Le vieux Sulser qui aurait jadis vécu sur l’alpage Suls n’appréciait pas le jeune homme dont sa fille était tombée amoureuse. Comme il s’opposait à leur amour, il fut pétrifié, tout comme son chien que l’on peut reconnaître dans le rocher situé à droite du grand Lobhorn. L’alpage Suls et la vallée de Lauterbrunnen sont des lieux émouvants même pour les personnes qui ne croient pas aux légendes anciennes. Depuis Saxeten, on monte à l’alpage à travers la vallée de Saxet en direction de l’alpage Nessleren. Depuis Unterberg, le chemin quitte la vallée pour monter à l’alpage Bällenalp. Il faut franchir la terre foulée par les nombreuses vaches, située derrière la nouvelle cabane construite en 2009, jusqu’à la crête. Une fois arrivé en haut, on profite d’un panorama magnifique sur l’Eiger, le Mönch et la Jungfrau. De plus, le détour de 40 minutes aller-retour vers le point de vue de Bällenhöchst offre une vue plongeante sur le lac de Brienz. En raison du risque de chutes de pierres, il faut ensuite traverser rapidement les éboulis du Tschingel. Depuis le dos d’âne herbeux, on aperçoit déjà la cabane du Lobhorn et les Lobhörner. Le paysage qui entoure le Sulsseewli est mystique et donne envie de s’y attarder. Tout comme la forêt des contes recouverte de mousse et de fougères que l’on traverse en descendant à Sulwald.
Sept Têtes dans les Alpes vaudoises N° 1074
Les Plans-sur-Bex — Derborence • VD

Sept Têtes dans les Alpes vaudoises

La plupart des montagnes ont été baptisées voilà plus de 150 ans, à l’époque de leur découverte et des premières ascensions. Mais à Bex, les sommets portent des noms depuis plus longtemps, et bien curieux de surcroît. Un exemple: la Tête à Pierre Grept. Elle forme l’une des Têtes qui s’étalent sur un massif de 7sept kilomètres de long entre Derborence et le Grand Muveran. A Bex, personne ne semble connaître l’origine de ce nom. Pierre Grept aurait été un chasseur de chamois, glisse finalement un habitant. Selon une autre source historique, il s’agirait d’un homme qui avait tellement amoché un de ses ennemis qu’il avait été condamné à mort. Bien que l’affaire ait été largement étayée, cette version soulève des doutes et laisse la voie libre à d’autres interprétations. La présente randonnée mène de Bex à Derborence via la Tête à Pierre Grept. Des Plans-sur-Bex, on longe la rive de l’Avançon de Nant jusqu’à Pont de Nant. D’ici, on emprunte la route d’alpage pour monter tout droit jusqu’au Richard. Un peu plus loin, le chemin bifurque à gauche en direction de l’alpage de la Vare. Si on le souhaite, on peut ensuite monter à la Cabane du Plan Névé, sous la Tête à Pierre Grept. Les très bons marcheurs peuvent même s’aventurer sur le chemin blanc-bleu-blanc qui franchit le cCol des Chamois Nord. Cette proposition suit toutefois un chemin en pente douce mais constante sur l’alpage de la Vare jusqu’au cCol des Esserts avant de redescendre lentement jusqu’à l’alpage d’Anzeinde. D’ici, direction eEst par un pâturage nommé Le Plat entre les parois escarpées du massif des Diablerets et les coteaux des Crots. A l’arrière-plan se dresse la chaîne des Sept Têtes avec la Tête à Pierre Grept. Du Pas de Cheville, le chemin raide redescend finalement jusqu’au lac de Derborence.