Ne pas avoir l’énergie de randonner

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15.11.2022 • randonneuseexperimentatrice

Ne pas avoir l’énergie de randonner

Voilà qui ne m’était jamais arrivé auparavant: ne plus avoir le courage de randonner. Le gros coup de mou. Le gouffre énergétique. Pourtant, il allait bien falloir l’écrire, ma chronique pour Suisse Rando. Et pas question de m’adonner à une excursion virtuelle. Cette carte-là, je l’ai déjà grillée il y a sept ans lorsque, en plein congé maternité, j’ai tenté de gravir le Cervin et l’Eiger en une demi-journée … sur mon ordinateur portable. Sur le terrain, il faudrait donc aller. Ou plutôt se traîner. C’est alors que m’est venue une idée: ne serait-ce pas l’occasion idéale de tester l’une des «balades d’énergie» listées dans les ouvrages de la géobiologiste – et druidesse – Joëlle Chautems? Qui sait, peut-être qu’au lieu de rentrer encore plus crevée qu’en partant, je finirais même l’excursion reboostée.

Mon choix s’est porté sur une boucle au-dessus de Haute-Nendaz à la découverte des mélèzes de Balavaux, tendrement surnommés par l’auteure les «bouddhas des Alpes valaisannes». Symboliquement, ces conifères sont des arbres de passage. Associés au phœnix, qui prend feu à la fin de sa vie pour ensuite renaître de ses cendres, ils insufflent la confiance à ceux qui l’ont perdue en route. Voilà qui était de bon augure. Pas assez néanmoins pour me motiver à me lancer seule dans cette aventure un peu mystique. Moi qui ai des heures de marche – et des milliers de mètres de dénivelé positif – en solo au compteur, je ne me reconnaissais décidément plus. Lasse, j’ai appelé une copine randonneuse, qui s’est volontiers laissé convaincre. Non sans m’avertir qu’elle était en petite forme. Tant mieux!

Le jour J, c’est donc en souffletant que nous avons atteint la clairière des Prarions, au-dessus d’Isérables. Nous n’étions de loin pas les seules à venir rendre hommage aux vieux sages végétaux: le bal des randonneurs s’élevant à la queue leu leu en direction de Balavaux n’était pas sans rappeler ces papiers découpés du Pays d’Enhaut montrant la montée des vaches à l’alpage. Il faut dire qu’en automne, les mélèzes flamboyants constituent un spectacle particulièrement attractif.

Petite forme, grand effet: il valait la peine de se traîner jusqu’à la clairière des Prarions pour observer les mélèzes dorés.

Dans une tentative désespérée de nous isoler, nous avons quitté le sentier balisé. J’ai levé les yeux et mon regard a été magnétiquement attiré par un mélèze. Répondant à son appel, j’ai grimpé tout droit jusqu’à lui, laissé tomber mon sac à dos à ses pieds et ai entrepris d’en faire le tour. Son tronc à la fois doux et irrégulier comportait de nombreuses aspérités, qui formaient de minuscules niches dans lesquelles se blottir. Mon amie et moi avons chacune choisi un cocon adapté à notre morphologie et nous nous y sommes installées pour casser la croûte. Lorsque nous nous en sommes extirpées à regret une heure plus tard, il m’a semblé emporter avec moi un peu de cet arbre. Et je ne parle pas seulement des aiguilles orange que je retrouverais durant plusieurs jours un peu partout dans mon appartement, à l’image des confettis après carnaval.

Ils en ont vu d’autres, ces arbres parfois centenaires. Comme il serait bon d’être ancré profondément dans le sol, comme eux!

Et l’énergie, dans tout ça? Deux jours après la randonnée, un test m’a révélé que j’étais positive au COVID-19. Apparemment, même les mélèzes centenaires ne peuvent rien contre ce satané virus.

Avant d’atteindre Balavaux, un dernier coup d’oeil sur les versants flamboyants s’impose.

L’itinéraire: Haute-Nendaz (VS) – Les Prarions – Cabane de Balavaud – Haute-Nendaz 

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