Petits pieds bien chaussés
Le retour d'expérience des enfants
Pour les enfants, l’achat de nouvelles chaussures de marche est assez simple. Si la couleur leur plaît, le choix est fait! Le plus souvent, les parents doivent pourtant les diriger vers d’autres modèles, ce qui n’est pas facile car les enfants ont des idées bien arrêtées. Un exemple? Un garçon tient mordicus au vert. Par chance, il y a des chaussures vertes parmi les modèles à tester. Âgé de 3 ans, il marche pendant deux jours du Rinderberg au Hornberg et jusqu’à Zweisimmen, dans l’Oberland bernois, sans grands problèmes. Forcément, puisqu’il a pu porter du vert. Pour son papa, qui doit faire son rapport, la tâche est moins aisée. Son fils a certes marché sans difficulté et sans ampoules aux pieds, mais comment faire pour savoir plus précisément si la chaussure est adaptée?
Attention aux souliers trop petits!
Premier point: les chaussures ne doivent pas être trop petites et les parents doivent régulièrement le vérifier. En effet, les pieds des enfants grandissent vite: environ cinq millimètres sur la longueur et deux à quatre sur la largeur tous les six mois. Durant les premières années de la vie de l’enfant, les changements sont donc fréquents, et qui dit changement dit argent. Pourtant, il n’est pas nécessaire de disposer de chaussures flambant neuves. Le fait qu’elles soient très peu portées à cet âge-là permet d’acheter des petites pointures dans une vente de seconde main ou chez les voisins. Ou de garder les chaussures pour les frères et soeurs plus jeunes, à condition d’avoir choisi une couleur neutre, ce qui, comme le montre l’exemple ci-dessus, n’est pas toujours chose facile. Enfin, la question de la durabilité entre en ligne de compte. C’est bien que plusieurs enfants puissent porter les mêmes chaussures de rando.
Lorsque les chaussures sont trop petites, ce qui, selon des enquêtes, arrive trop souvent, le pied souffre. A la longue, il peut se déformer ou adopter de mauvaises positions sans causer de douleurs. Le pied de l’enfant est souple et son système nerveux n’est pas encore entièrement formé. Dans une chaussure qui serre, les enfants rentrent leurs orteils, comme l’escargot avec ses cornes, ce qui peut causer des douleurs aux pieds, mais aussi à l’ensemble du corps, par exemple aux genoux, aux hanches et aux dos. Micha Bahr, directeur de la clinique de chirurgie pédiatrique de la ville allemande d’Ingoldstadt, précise que dix pour cent des enfants souffrent déjà du dos de manière chronique, contre 50 pour cent chez les jeunes de 15 ans! Ce médecin s’est intéressé de très près aux chaussures de randonnée. En tant que père de trois filles, il n’était pas satisfait de l’offre disponible dans les magasins. Son bilan, en bref: des chaussures trop fermes et trop lourdes, des semelles trop rigides.
Pour Micha Bahr, qui conseille la marque Lowa lors du développement de modèles pour enfants, le déroulé du pied est l’élément central. La semelle doit être flexible au niveau de l’axe transversal, sans pouvoir trop se plier dans la longueur pour éviter une torsion du pied. Et la cheville doit être bien tenue. Micha Bahr n’est pas un adepte de la tige mi-montante. Il explique que lorsque les ligaments ne sont pas vraiment entraînés, à l’inverse du cas du coureur de trail, une chaussure haute est un bon choix. Les articulations des enfants étant beaucoup plus souples que celles des adultes, le risque d’élongation ou de déchirure des ligaments est trop élevé avec une chaussure basse.
Une musculature entraînée
Christoph Schmitter, de l’entreprise Meindl, partage cet avis et précise qu’il faut adapter la fermeté de la chaussure à l’enfant. En grandissant, ce dernier pose un plus grand poids sur le sol, ce qui accroît le risque d’un faux pas. La chaussure doit donc être plus ferme pour les enfants plus âgés. Tout dépend aussi de l’utilisation, mais ce père de deux enfants sait qu’ils aiment marcher cinq mètres au-dessus du chemin, d’où la nécessité pour eux de bénéficier d’une bonne tenue.
Pour avoir des chevilles solides, les enfants devraient le plus souvent possible marcher, sauter et courir pieds nus au quotidien, car une bonne musculation protège des blessures. Des semelles intérieures ne sont pas nécessaires, bien que les orthopédistes ne soit pas forcément de cet avis. Divers modèles comportent déjà des semelles sophistiquées qui doivent éviter une torsion vers l’intérieur.
Dans un magasin spécialisé
Voilà pour la théorie. Pour la pratique, le mieux est de se rendre dans un commerce spécialisé. En effet, comme il n’existe pas de norme internationale en matière de pointure, le même numéro peut correspondre à des tailles différentes selon le fabricant. La meilleure méthode est la suivante: sortir la semelle intérieure de la chaussure, demander à l’enfant d’y poser le pied, le talon bien ancré. A l’avant de la semelle, il doit rester l’espace d’un pouce environ sur la semelle pour que les orteils soient à l’aise. De nombreux modèles ont imprimé des marques sur la semelle intérieure, ce qui permet de trouver la bonne pointure en un clin d’oeil. Autre possibilité: à la maison, l’enfant pose le pied sur du papier et un adulte dessine son empreinte au crayon. Ce chablon peut ensuite être comparé aux semelles. L’achat doit se faire l’après-midi au plus tôt, car les pieds sont jusqu’à quatre pour cent plus grands que le matin.
Au sujet de la semelle: la chaussure doit être flexible au niveau de l’axe transversal. On teste l’axe longitudinal en essayant de tordre la chaussure, ce qui doit être possible, mais dans une faible mesure seulement. La semelle doit en outre avoir un profil assez marqué pour que l’enfant ait un bon appui sur le chemin et à côté de celui-ci.
Comment les lacer?
Le laçage est un autre sujet. C’est encore le lacet classique qui offre le meilleur maintien. Dans l’idéal, l’avant de la chaussure et la tige doivent pouvoir être serrés différemment. Pendant la randonnée, il est bon de jeter un coup d’oeil au laçage et de rectifier le tir si nécessaire.
Divers systèmes de laçage sont faciles à utiliser, pour les enfants comme pour leurs parents, mais ils n’ont pas encore convaincu Micha Bahr. L’un des enfants testeurs et sa maman ont pourtant fait de bonnes expériences avec une fermeture rotative qui permet d’adapter le laçage au millimètre près. Un mot sur les chaussettes. Comme pour les adultes, il vaut mieux éviter les chaussettes en coton ou même tricotées main et privilégier celles en fibres synthétiques ou en laine mérinos. La chaussette doit monter plus haut que la tige, pour que l’humidité puisse s’échapper de la chaussure. Elle ne doit pas être trop grande, pour éviter la formation de plis et donc d’ampoules.
Enfin, dernier point important: les chaussures de rando doivent être imperméables, car les pieds humides favorisent la formation de cloques. Aucun enfant, jusqu’à nouvel avis, n’a envie de contourner une belle flaque d’eau…
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